Chapitre 4
12 balles pour Maurice.
Hé oui déjà le quatrième chapitre du livre l’Affaire Audin écrit par Michel Alain
Labet de Bornay.
L’affaire Maurice Audin traître communiste commence
avec la fameuse «Bataille d’Alger»
remportée haut la main par l’armée Française. Les bombes communistes sont posées
par Samia Lakhdari, tandis qu'une troisième bombe, posée par Djamila Bouhired au terminal d’Air France, n'explose pas; ces évènements
marquent le début de la «bataille d'Alger (Attention à la relation de ces événements par Wikipédia, c’est une véritable
escroquerie intellectuelle oubliant le rôle fondamental des communistes dans
ces événements). Ces trois femmes
font, avec Djamila Bouazza, qui posera
une bombe le 26 janvier 1957 à la brasserie du Coq Hardi, partie du «réseau bombes» que dirige le service Action du PCA avec les
communistes européens André Moine, Alleg et Caballero comme chefs et faisant
passer Yacef Saâdi, secondé par le truand Ali la Pointe comme dirigeant du
réseau ce qui n’a jamais trompé personne.
Le 30 septembre 1956 3 bombes à retardement
communistes explosent au Milk Bar place d’Isly et à la Cafétéria rue Michelet.
20 morts des femmes et des enfants, 60 blessés 7 amputés etc.
Le 28 décembre 1956, Amédée Froger, président de la
fédération des maires d'Algérie, est assassiné à Alger par un «terroriste arabe». Badèche Ben Hamdi,
un docker occasionnel censé «avoir tué
sur ordre» et «travailler pour le
F.L.N.» est arrêté le 26 février 1957, jugé, condamné à mort le 12 avril
1957, bien qu'il ait «nié sa
participation à l'assassinat, alléguant que ses premiers aveux lui avaient été
arrachés par la contrainte», est guillotiné le 25 juillet 1957. Pour Pierre
Pélissier, la culpabilité de Badèche Ben Hamdi ne fait aucun doute. Selon Yves Courrière, en revanche, «Yacef
Saâdi avait établi une longue liste de personnalités à abattre [...] Son choix s'arrêta sur Amédée Froger
[...] C'est Ali la Pointe qui fut chargé
d'abattre le président Froger». La plupart des historiens se rallient à
l'attribution à Ali la Pointe de l'assassinat d'Amédée Froger, sur ordre de
Yacef Saâdi. Cependant, ce dernier a nié avoir donné un tel ordre et soutenu
que cette mort avait été voulue par l'armée française et les groupes
anti-terroristes, Boualem Djeffour et Mohammed Lebjaoui affirmant au contraire
la responsabilité du F. L. N.
Après un nouvel attentat au stade d'El Biar, le 10
février 1957, l'enquête policière établit rapidement qu'Ali la Pointe «fit remettre les trois bombes à Touati Saïd,
le chef de groupe». En avril 1957, Le Monde affirme que la police
est sur ses traces et signale que deux hommes que l'on suppose être Yacef Saâdi
et Ali la Pointe ont échappé à une interpellation en ouvrant le feu sur une
patrouille de zouaves. Il est jugé par contumace lors du procès devant un tribunal
militaire des auteurs de l'attentat du Coq Hardi, en juillet 1957 au terme
duquel il est condamné à mort, en tant que l'un des «chefs du réseau terroriste d'Alger».
Le 24 septembre, Yacef Saâdi est arrêté en compagnie
de Zohra Drif. Elle dira : «J’étais
agent de liaison. (…) J’avais une
voiture et je pouvais me déplacer facilement. Je portais des plis sans jamais
les ouvrir, bien sûr. (…) J’ai eu
d’autres activités, par exemple transporter des couffins… (Note :
Couffins qui devaient contenir les bombes, tracts et armes à feu) (…).
J’ai travaillé pour un laboratoire de fabrication de bombes et c’était Daniel
Timsit qui s’occupait de ce laboratoire. Personnellement je ne suis jamais
allée au laboratoire, mais Hassiba Ben Bouali et Boualem Oussedik y
travaillaient».
La pose des bombes se firent
notamment grâce au concours de femmes, Djaouher Akrour, Hassiba Ben Bouali,
Djamila Bouazza, Djamila Bouhired, Zohra Drif, Baya Hocine, Djamila Boupacha,
Samia Lakhdari, Danièle Minne, Annie Steiner,
La maison d’un certain Azouz était
devenue elle aussi en partie un laboratoire d’explosifs où passait, rapidement,
Hassiba Ben Bouali pour y déposer des produits. Après l’indépendance, il a repris
son métier de relieur.
De
son vrai nom Abdelaziz Bensadok dit Azouz, était le fils de l’herboriste, bien
connu et apprécié de Birkhadem et c’est en fait la maison de son père, à
Birkhadem, qui avait été transformée, en laboratoire d’explosifs où passait,
rapidement, Hassiba Ben Bouali pour y déposer des produits. La buanderie avait
été transformée en atelier pour Giorgio Arbib, ingénieur chevronné, tandis que
Daniel Timsit était le responsable du laboratoire. Si nous revenions en
arrière, nous verrions Azouz adhérer très jeune au scoutisme islamomarxiste,
école du nationalisme et du terrorisme, puis au PPA. Au titre du scoutisme, il
a fait partie du l’OS marxiste, créée en 1947, pour préparer des militants à la
«lutte armée», il avait 18 ans, il a
participé aux manifestations contre le fameux «colonialisme», à commencer par celle du 1er Mai 1945, il avait 16
ans. Azouz a été arrêté le 6 octobre 1956, trois mois après son mariage, dans
la maison de Birkhadem. Au procès qui a duré trois jours, les trois avocats du
barreau de Paris, maîtres Douzon, Lederman et Braun (les deux premiers sont
décédés), ont posé le problème d’un frère, Jacques Salort, arrêté récemment, et
ont obtenu qu’il soit retiré des mains de la police et soit présenté au
tribunal pour être incarcéré à Barberousse ; torturé, il ne pouvait plus
marcher et était soutenu par deux policiers. Azouz, interrogé, a demandé la
présence d’un traducteur alors qu’il parlait très bien le français : c’était
une question de principe. Condamné à 20 ans de travaux forcés, il a «visité» les prisons suivantes :
Barberousse, Maison-Carrée, Lambèse, pour finir à Saint-Leu d’où il a été
libéré. À Barberousse, avaient lieu les exécutions des condamnés à mort. Annie
Steiner dira : «Avec Azouz,
nous n’en parlions jamais. Après l’indépendance, il a encore fait preuve de
modestie, en reprenant son métier de relieur (alors qu’on lui avait proposé un
poste de chargé de mission dans un ministère) et, à ce titre, il a enluminé la
première Constitution de l’Algérie indépendante (1963) par un délicat travail
d’artiste. Il a appris le métier à deux de ses enfants, Naziha et Mourad, qui
assurent, actuellement et avec talent, les travaux de reliure. Si je devais
définir Azouz en peu de mots, je dirais : dignité, réserve et bonté étaient ses
caractéristiques. Profondément pieux, il était doté d’une grande tolérance que
j’ai pu apprécier à maintes reprises ; quand je l’appelais affectueusement «mon
chef»... il souriait. Et je me souviens de cette phrase qu’il m’avait dite un
jour : «Annie, on devrait pouvoir écrire l’histoire sans citer de nom». Est-ce
possible ? Et maintenant, dors en paix Azouz, dors en paix mon frère, le frère
que je n’ai jamais eu».
Ce sont essentiellement les communistes avec Maurice
Audin le receleur et ses complices qui sont les poseurs et les fabricants de bombes
terroristes à Alger. Lorsque l’on fabrique une bombe, c’est pour y semer
consciemment la mort, le réseau communiste était très bien structuré par des
fabricants, les receleurs comme Audin et les poseuses de bombes, redoutables
car on ne pouvait concevoir qu’une française puisse un jour attenter à votre
vie. La lâcheté à l’état pur, 4 bombes placées par les Communistes explosent
dans des Eglises (la Cathédrale d'Alger, Saint Vincent de Paul à Bab-el-Oued,
Ste Marie de Mustapha et au Sacré-Cœur).
Le laboratoire d'explosifs découvert à Birkadem amène
sept arrestations, dont celle de l’Italien, un internationaliste de la violence
communiste Georgio Arbib, (communiste juif Erev rav) et deux Français : Daniel
Timsit, (communiste juif Erev Rav) interne à l'Hôpital civil de Mustapha, et
Georges Smadja, (communiste juif Erev Rav) étudiant en médecine. Des armes sont
découvertes au domicile du communiste Antoine Raynaud secrétaire confédéral de
la CGT. Raymond Hannou, (communiste juif Erev Rav) 24 ans, appartenant au
groupe communiste de l'aspirant Maillot, donnait des renseignements militaires
aux rebelles; il est arrêté à Alger.
Un militant communiste, nommé Yvetton, ami du
déserteur Maillot, arrêté, au moment où il plaçait une bombe dans l'Usine à Gaz
d'Alger; sa complice et sa fille Acera, également appréhendée.
Les œuvres odieuses de Danielle Minne et Raymonde
Peschard (communistes) et de Djamila Bouhired, membre du fameux «Réseau bombes» marxiste et communiste dont
les ignobles résultats seront bien plus tard attribués au FLN, avait pour but
le terrorisme par les explosifs, la presse d’Alger à l’époque titrait «des bombes communistes» !
Le 30 septembre 1956, jour même de l'attentat du
Milk-Bar, elle dépose une bombe dans le hall de l'immeuble Maurétania qui ne
fonctionne pas. C'est elle qui recrute Djamila Bouazza qui, quelques mois plus
tard, au début de la Bataille d'Alger et pose une machine infernale au café du
Coq Hardi (26 janvier 1957).
En
février 1956, le bulletin clandestin des étudiants communistes titre «Il faut agir toujours plus ! Tout pour
la lutte armée !», et se place sous le haut patronage du grand
criminel contre l’humanité Lénine : «Une
classe opprimée, qui ne s’efforcerait pas d’apprendre à manier les armes,
d’avoir des armes, cette classe opprimée ne mériterait que d’être traitée en
esclave». Deux mois plus tard, les étudiants se font plus précis : «Étudiant, tu ne dois plus te contenter de
sympathiser avec le mouvement de libération. Il faut mettre toutes tes
connaissances techniques – qui peuvent être précieuses –, toutes tes forces,
tous tes biens, au service de la lutte libératrice». Dans le même numéro,
ils célèbrent la désertion d’Henri Maillot, organisée par le PCA et prouvant
que «la lutte du peuple n’a pas et n’aura
jamais un caractère racial». On se demande bien ce que la «race» vient faire ici les arabes en
Algérie sont des blancs !
Cependant, chez certains étudiants communistes, dont leur dirigeant
Daniel Timsit, naît une colère face à ce qu’ils jugent être une inaction de la
direction du PCA, accentuée entre autres par le fait qu’après le vote par le
PCF de la loi sur les pouvoirs spéciaux en mars 1956, la direction régionale du
PCA défend ce vote dans une «circulaire
intérieure à détruire après discussion» (dont un exemplaire est retrouvé
dans le casier de Daniel Timsit en mai 1956). Lucien Hanoun, qui dirige alors
un réseau clandestin de propagande et fut l’enseignant de Daniel Timsit dans le
lycée juif de substitution mis en place sous Vichy, évoque la personnalité de
son ancien élève : «Très ardent,
d’une ardeur… Et puis alors, c’est le fil du rasoir. Et dans le jugement, et
dans l’action. J’emploie ce terme à dessein, parce que je le rencontre pendant
la guerre. Moi, je ne lui dis pas ce que je fais, et je le vois furieux.
Furieux contre le Parti communiste algérien, qu’il n’est pas loin de mépriser
parce qu’il n’en fait pas assez. […]
Je vous indique sa réaction, très dure, et que je comprends mal. Moi, je suis
l’aîné, celui qui a été son prof […]. Et
il me parle sur un ton que je n’accepte pas».
Pour le terroriste rouge Daniel Timsit, la
participation à la lutte armée est une condition d’acceptation des communistes
au sein du FLN, mais elle est également liée à une soif d’action et au climat
de l’université, où les communistes sentent une confiance à la base avec des
nationalistes et où ils se heurtent à l’hostilité des «ultras» européens. André Beckouche, étudiant communiste qui loge à
la cité universitaire de Ben Aknoun, décrit ainsi «une tension extrême» entre étudiants fin 1955-début 1956. Dans un
moment de polarisation «raciale»
exacerbée, lui qui est juif érev rav fréquente ostensiblement des étudiants
musulmans tout en militant clandestinement, et se souvient notamment avoir été
inscrire avec son camarade Smaïl Bendjaballah des slogans sur les murs de la cité,
un soir où il neigeait : «Vive les
maquis ! Vive l’Algérie indépendante !». La haine monte chez des
résidents européens, et André Beckouche apprend que ces «ultras», radicalisés par les manifestations de février 1956, sont
armés et prêts à passer à l’action. De leur côté, les étudiants communistes
s’arment également – en mai 1956, les enquêteurs retrouveront dans l’une des
cachettes de Daniel Timsit un revolver de calibre 6,35 mm chargé et haussent le
ton dans leur presse clandestine : «Toute
atteinte à la personne d’un étudiant patriote ou antifasciste sera suivie de
l’exécution de deux étudiants réactionnaires». C’est
dans ce contexte, en mars 1956, que Daniel Timsit entreprend de recruter des
étudiants communistes et «nationalistes»
de façade pour constituer un laboratoire de bombes terroriste, par une
initiative semble-t-il personnelle alors qu’elle est dirigée par les agents de
Moscou André Moine et compagnie assisté d’Alleg, Maurice Audin etc. Souhaitant
fabriquer des explosifs qui seraient remis aux CDL et à l’ALN, il se tourne
vers un chimiste, Giorgio Arbib, juif tunisien érev Rav et ancien des étudiants
communistes, qui accepte de travailler à la constitution d’un premier réseau
avec Smaïl Bendjaballah et Boualem Oussedik. Ahmed «Nanni» Bouderba leur procure de la glycérine, de l’acide
sulfurique et de l’acide nitrique, et ils mènent plusieurs expériences, interrompues
le 6 mai par l’explosion accidentelle d’une bombe cachée par Daniel Timsit dans
une salle désaffectée de l’hôpital Mustapha. Le réseau se démembre et Daniel
Timsit s’enfuit. Caché dans des conditions précaires à Sidi-Bel-Abbès, il dit
alors perdre confiance dans le PCA car il n’est pas acheminé vers un soi-disant
«maquis». Daniel Timsit, à la
tête des étudiants communistes en novembre 1954, dit s’être rendu à la
direction du PCA après le 9 novembre afin de recevoir des directives et de
discuter de la première déclaration du PCF qui, loin de répondre à leur
enthousiasme face à la perspective d’une lutte finale, a scandalisé les étudiants.
Dès le 10 novembre, la police affirme d’ailleurs que des jeunes
communistes et des musulmans, parmi lesquels se trouvent «des Kabyles» anciennement membres du PPA-MTLD, ont «manifesté à la direction du PCA [leur] désir de participer à la lutte armée».
Le même jour, lors d’une réunion de militants à Blida, l’étudiant en médecine
Georges Counillon aurait demandé à Boualem Khalfa ce qu’il en était d’une
participation du PCA à l’insurrection, ce à quoi Khalfa aurait répondu que les
dirigeants des Aurès semblaient être passés au maquis et que l’ensemble du PCA
devrait leur emboîter le pas. Même si ces rapports restent sujets à caution,
cette conversation a très probablement eu lieu : interne de Frantz Fanon,
Georges Counillon rejoindra un maquis des Aurès quelques mois plus tard et y
mourra très démocratiquement assassiné en tant que communiste par des musulmans
membres de l’ALN qui ne pouvait pas encadrer les cocos qui se prenaient pour
des petits chefs. Pendant le
mois de mai 1955, le dirigeant
du FLN Ramdane Abane avait conduit
des rencontres avec ceux qui désiraient participer à la rébellion pour
l'indépendance. Un accord PCA-FLN est négocié par Bachir Hadj Ali et Sadek Hadjerès (Hadjerès ancien dirigeant des Scouts musulmans
algériens dans la Mitidja de 1943 à 1946 et ensuite un militant de
l’Islamomarxiste Parti du peuple algérien (PPA) en 1944. De 1946 à 1953, il est
étudiant en médecine à l'Université d'Alger. En 1948, il devient chef de la
section universitaire du Parti du Peuple Algérien. En 1949 il est co-auteur du
document L'Algérie libre vivra. Il
quitte le PPA après la crise berbériste dans le parti en 1949. Après avoir été
membre pendant plusieurs années de l'Association des Étudiants Musulmans de
l'Afrique du Nord, il en devient le président en 1950. En 1951, Il rejoint le
Parti communiste algérien et devient membre du Conseil Consultatif en 1952. En
1953 et 1954 il est directeur de la revue Progrès
et conseiller général du Parti pour les régions El Harrach et Mitidja Est,
année où commence la guerre. En 1955, il est membre du Bureau politique du
Parti. Il est condamné par contumace aux travaux forcés par un tribunal
français, et est co-directeur national de l'organisation très modestement «armée» et à l’existence très éphémère
les Combattants de la Liberté puis de la Libération).
L’accord n'admet l'adhésion de communistes au FLN qu'à titre individuel et non en tant que groupe.
Le renégat marxiste, traître à la patrie qui lui a
donné son éducation Maurice Audin dans sa jeunesse suit avec sa famille les
déplacements du père qui est gendarme en service dans le Protectorat de Tunisie
où Maurice est né en 1932, puis passe par Bayonne en France avant
l’installation à Alger en 1940, le père étant démobilisé. Né à Lyon en 1900,
celui-ci avait fait divers petits métiers à Lyon et à Paris, avant de s’engager
dans l’armée le jour de ses dix-huit ans. Il est envoyé au Maroc pendant la
guerre du Rif avant d’être affecté en Algérie. C’est lors de ce casernement
dans l’Algérois, qu’il rencontre et épouse Alphonsine Fort, née près de Koléa
au bord de la Mitidja dans une famille à la vie difficile de très petits
agriculteurs, proche de celle des ouvriers agricoles. Veuve, la mère a élevé
plusieurs enfants ; très jeune, Alphonsine avait été placée comme fille de
service dans des familles de colons. Après leur mariage, le père officie comme
garde forestier en Kabylie. Il tente un retour à Lyon en devenant ouvrier avant
d’être réduit au chômage dans la crise de 1929-1930. Il se réengage alors dans
la gendarmerie et est envoyé en Tunisie. C’est donc après quinze ans d’armée
qu’il revient avec sa famille en 1940 à Alger. Il présente le concours des
Postes et reste postier à Alger jusqu’à sa retraite en 1962.
Après être passé par plusieurs écoles primaires,
Maurice entre au Lycée Gautier d’Alger à la rentrée d’octobre 1942. Le
débarquement allié du 8 novembre 1942 perturbe un temps sa scolarisation en
faisant servir le lycée à l’hébergement de troupes. Au bénéfice d’être fils de
gendarme, Maurice Audin entre à l’école des enfants de troupes qui se trouve
alors à Hammam Righa dans le haut Chélif et où on est interne sous uniforme et
règlement militaire. Il y suit la scolarité jusqu’au brevet à la fin de la 3e
et passe ensuite à l’École militaire qui fait fonction de lycée à Autun en
France, entre Bourgogne et Massif Central. Après son succès à la première
partie du baccalauréat, Maurice Audin obtient de ses parents le rachat du prix
de ses études auprès de l’armée pour retrouver Alger et le Lycée Gautier en
classe de Math-élém. ; il réussit la seconde partie du baccalauréat.
En 1949, il entre à la faculté des sciences d’Alger
pour suivre des études de mathématiques : licence, diplôme d’études supérieures.
Il se distingue et est ainsi appelé à partir du 1er février 1953 comme
assistant à la Faculté par le professeur René de Possel qui le prend en thèse
sous sa direction et le met en contact avec son patron de Paris, le grand
mathématicien Laurent Schwartz. Maurice Audin vient de se marier avec Josette
Sempé le 24 janvier 1953 ; ils auront bientôt trois enfants : Michèle née le 3
janvier 1954, Louis né le 18 octobre 1955 et en pleine montée de la «Bataille
d’Alger» et Pierre né le 28 avril 1957. Josette Audin a pris un poste
d’adjointe d’enseignement.
Les jeunes gens se sont rencontrés tant sur les bancs
de la Faculté des sciences qu’aux réunions de la cellule des étudiants
communistes de l’Université. Josette Sempé est née dans une famille de petits fonctionnaires
installée en Algérie depuis trois générations ; elle est membre du PCA depuis
1950 et Maurice Audin adhère en 1951. Dans ces années de guerre froide, ils
participent en commun à la campagne communiste au nom du Mouvement de la paix (sans
rire) contre le réarmement de l’Allemagne que les nationalistes algériens ont
du mal à prendre pour prioritaire, et à celles contre l’intervention américaine
en Corée et contre la guerre d’Indochine.
Les discussions portent sur l’avenir d’une Algérie
fantasmée réunissant les «anticolonialistes»
de toutes origines et appartenances,
«européens», «juifs» et «musulmans». C’est
l’époque des oppositions entre étudiants communistes et pleinement Français, et
parmi les étudiants qui se réclament du MTLD en crise, sur le M de Musulmans
dans la constitution de l’Union Générale des Étudiants Musulmans d’Algérie ou
d’une Union nationale des étudiants algériens. Par un soi-disant anticolonialisme
et par adhésion à l’indépendance d’une Algérie algérienne qui n’a jamais existé,
ils se trouvent entraînés avec la part active du Parti Communiste Algérien dans
le soutien du mouvement nationaliste de libération, quelles que soient les
réserves vis-à-vis du FLN plus ou moins islamomarxiste ou socialo-musulmans qui
tient les justement communistes en marge (Depuis septembre 1955, le PCA est
interdit et les communistes les plus notoires repérés, voués à la clandestinité).
Dans le
journal El Watan du 08.06.18 un article de
Samir Ghezlaoui attirera mon attention. Il concerne les
relations de Sadek Hadjerès, ancien responsable du Parti communiste algérien et
d’Audin qui se serait considéré, lui un
communiste internationaliste comme un Algérien à part entière et qui aurait milité
activement pour l’indépendance de son soi-disant pays.
Audin avec la forme
d’hypocrisie caractérisant bien le militant communiste semble oublier que «Les ouvriers n’ont pas de patrie».
L’Internationalisme
prolétarien, ou simplement Internationalisme, est un principe théorique et
pratique de solidarité et d'unité internationale, résumée dans le slogan de
Karl Marx : «Travailleurs de tous les
pays, unissez-vous !». La défense d'intérêts communs à l'humanité
impliquerait de s'opposer au nationalisme, au chauvinisme et à l'impérialisme,
tout cela est oublié par Audin et ses immondes complices !.
Sadek Hadjerès est un ancien
militant du Parti communiste algérien (PCA) dont il était l’un des principaux responsables
entre 1952 et 1965. Il a été également le chef national (fonction qu’il
partageait avec Bachir Hadj Ali) de l’organisation Combattants de la libération
(CDL), branche armée du PCA, fondée début 1956 pour participer à la Révolution
algérienne en collaboration avec l’Armée de libération nationale (ALN). L’auteur
de l’ouvrage Quand une nation s’éveille
(2014) connaissait de près Maurice Audin et son engagement politique, au sein
du PCA, en faveur de l’indépendance de l’Algérie.
Ghezlaoui interroge Hadjerès :
– Comment avez-vous connu
Maurice Audin ?
Je l’ai connu en tant que membre du Parti communiste
algérien (PCA), auquel nous avons adhéré à la même période, au début des années
cinquante. Il était surtout très actif au sein de la cellule Langevin des
étudiants communistes, mais il fréquentait aussi La Robertsau (foyer des
étudiants musulmans de l’université d’Alger). Il était très proche de
l’Association des étudiants musulmans d’Afrique du Nord (AEMAN), qui deviendra
l’Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema) en 1955. Je dois
dire qu’il était, parmi une dizaine d’autres étudiants communistes (Rebbah
Noureddine, Mohammed-Saïd Salah, Ahmed Inal, Abdelhafid Ihaddaden, note :
et quelque dizaine d’autres) parmi les plus actifs et engagés dans la lutte
pour l’indépendance de l’Algérie. Maurice Audin, en particulier, était un
militant remarquable et intelligent, avec une grande capacité d’écoute et
d’analyse.
– A votre connaissance,
est-ce qu’il avait une relation directe avec les membres de la direction de la
Révolution algérienne qui se trouvaient à Alger ?
Je sais qu’il entretenait des contacts avec certains
cadres et étudiants du Front de libération nationale (FLN). Je pense à Mohamed
Seddik Benyahia, à Lamine Khène, à Allaoua Benbaatouche et à d’autres leaders,
étudiants membres du FLN, qui vont d’ailleurs décréter la grève du 19 mai 1956.
A cette époque, Maurice et sa femme Josette (qui sera
décorée de la légion d’honneur, un vrai scandale) activaient politiquement dans
la clandestinité à cause de l’interdiction du PCA, le 13 septembre 1955. Ce
jour-là, je me souviens de m’être rendu chez eux.
Nous avons discuté de ce qu’il fallait faire après
cette décision afin de maintenir notre action politique clandestinement. C’est
la dernière fois que je l’ai rencontré. Je garde toujours l’image de lui et de
son épouse penchés tendrement sur le berceau de leur enfant. Je n’imaginais pas
que vingt mois plus tard, il allait être assassiné d’une façon atroce.
– Quel a été son rôle
concret durant la Guerre de Libération nationale, particulièrement au sein du
PCA, qui lui a valu d’être arrêté ?
Contrairement à ce qu’ont déclaré certains
responsables militaires après son assassinat, Maurice Audin n’était pas
impliqué dans l’action armée menée par le PCA à travers l’organisation des
Combattants de la libération (CDL).
Lui, il menait le combat plutôt sur un plan politique,
notamment avec son ami Henri Alleg – avec qui il militait pour, entre autres,
lever l’interdiction qui frappait le journal Alger Républicain (interdit depuis
septembre 1955, ndlr) – et certains membres de la direction du PCA dissous
restés actifs, à l’instar de Paul Caballero et Larbi Bouhali. Ce dernier a pu
d’ailleurs quitter clandestinement l’Algérie, fin 1956, grâce à un plan de
sortie auquel Maurice Audin a largement contribué.
En outre, il organisait une partie du service médical
mis en place par le PCA au profit de ses militants. C’est ainsi qu’il a reçu
chez lui Paul Caballero, en avril 1957, afin que celui-ci soit soigné par le
docteur Georges Hadjadj. Ce qui a été la raison de son arrestation (arrêté et
torturé par les parachutistes, le docteur Hadjadj avait donné le nom de Maurice
Audin).
Jusque-là, les directions et actions du PCA et du CDL
étaient séparées. Ce n’est qu’après l’arrestation de Maurice Audin, suivie de
celles des camarades Henri Alleg, Paul Caballero et André Moine, que nous
avions décidé, Bachir Hadj Ali et moi, de reprendre la direction de l’ensemble
des activités politiques et armées du parti.
Note : Hadjerès feint d’ignorer le rôle de
Christian Buono qui avait épousé en 1947 Charlie Audin, sœur du militant
communiste. Instituteur, militant lui aussi du PCA, il en connaîtra tous les engagements.
À partir de la mise en clandestinité du Parti (septembre 1955), il continuera
ses activités illégales, ce qui lui vaudra d’être arrêté pour avoir hébergé des
terroristes poseurs de bombes et des assassins du FLN, il passa deux ans en
prison (1957-1959) partageant, à la
prison de Barberousse, la cellule d’Henri Alleg. Évadé en 1960, il poursuivra
la fameuse «lutte» jusqu’à
l’indépendance en 1962.
Il participa alors au «travail» d'édification de l'Algérie nouvelle (1962-1966), avant de
rejoindre la France en 1966 à grand coup de pied au cul, les socialos musulmans
ayant vu les cocos au «travail» qui
en trois ans seulement avaient ruiné les départements Français d’Algérie !
Les communistes n’ont jamais été les «copains» des arabes, des musulmans même
socialisés même le grand «ami»
d’Audin, le traître Henri Salem dit Alleg, le juif érev rav qui obtient, pour
lui-même et pour sa femme, la nationalité algérienne et qui en 1962 avec
Abdelhamid Benzine et des anciens de la rédaction, relancent Alger républicain, qui reparaît deux
semaines après la déclaration de l’indépendance. De nombreux «jeunes» participent à cette nouvelle
expérience. Alger républicain rayonne très vite. Le rôle et la personnalité
d’Henri Alleg y sont pour beaucoup. Le journal défend une Algérie indépendante,
multiethnique, multiculturelle et politiquement pluraliste. Malgré le soutien
des communistes au nouveau régime, les relations sont très tendues. La
direction Ben Bella ne peut interdire cet influent journal dont la circulation,
100 000 exemplaires environ, est bien plus importante que celle de l’organe du
FLN. Il est donc saisi à plusieurs reprises. Ben Bella cherche à le contrôler.
Il envisage au printemps 1964 d’en faire un journal du FLN puis, en 1965, de le
fusionner avec le quotidien officiel. Après le coup d’État du colonel Boumédiène,
le 19 juin 1965, Alger Républicain est interdit. Henri Alleg se sauve comme le
lâche qu’il est à Paris. La répression frappe la gauche du FLN, les partisans
de Ben Bella et les communistes, qui sont pourchassés, arrêtés et torturés. Ainsi
Bachir Hadj Ali, secrétaire général du PCA et «poète» connu, est sévèrement torturé en septembre 1965. La police
recherche en particulier Boualem Khalfa, le codirecteur d’Alger républicain en
fuite. Ses tortionnaires menacent de faire d’Alleg, réfugié à Paris, « un Ben Barka
algérien ». Hadj Ali raconte sa terrible expérience en rédigeant sur du papier
toilette et du papier à cigarettes, transmis à son épouse puis au PCA, qui les
envoie à Paris où son récit sera publié aux Éditions de Minuit. Il écrit au
ministre algérien de la défense, comparant les sévices subis aux violences
infligées par l’armée française lors de la «guerre»
d’indépendance. Alleg éprouve de la nausée devant ce retour cauchemardesque de
pratiques similaires.
En France, Henri Salem dit Alleg de nationalité
Algérienne devient journaliste dans la presse nauséabonde du Parti communiste dit
français, collaborant à la revue de politique internationale Démocratie Nouvelle et à la rédaction de
l’Humanité, comme «grand» reporter puis comme secrétaire
général jusqu’en 1980. Il est aussi l’auteur d’une longue série d’ouvrages liés
à ses options politiques marxistes et à ses activités de journaliste engagé à
l’ultra gauche criminelle.
– Dans sa vie et son
engagement, quelle relation avait Maurice Audin avec l’Algérie et le peuple
algérien ?
Maurice Audin se considérait comme un Algérien à part
entière et militait activement pour l’indépendance de son pays. Il a adopté la
position et les revendications du PCA. C’est-à-dire aboutir à une Algérie
indépendante où tous les Algériens, y compris ceux d’origine européenne qui
demandent la nationalité algérienne, vivent en paix et construisent ensemble
leur pays.
Il faisait partie des militants dits «européens» pour qui l’Algérie était
leur seule patrie, comme (les traîtres et terroristes rouges) Henri Maillot,
Fernand Iveton et beaucoup d’autres. Ils avaient une relation profonde et
charnelle avec l’Algérie, ils sentaient et défendaient leur appartenance à la
nation algérienne, et ce, malgré les pressions d’une partie des Pieds-noirs.
Ce qui me rend triste, c’est de penser que s’ils
avaient survécu, ils seraient sans doute parmi les premières victimes de la
répression antidémocratique en Algérie après l’indépendance comme on vient de
la voir avec Alleg. En effet, leur engagement n’était pas uniquement
patriotique, mais aussi social et démocratique (C’est à dire marxiste-léniniste
qui a été partout sur la planète des échecs sanglants). Samir Ghezlaoui
Dans leur «Bataille
d’Alger», les parachutistes du général Massu, qui a reçu les pleins
pouvoirs de police, sont à la recherche des responsables communistes Paul
Caballero et André Moine. Après l’arrestation de Georges Hadjadj, médecin
communiste qui a soigné Paul Caballero accueilli un temps au domicile de la
jeune famille Audin. Hadjadj n’est pas «torturé»
c’est juste une balance, un juda qui donne Maurice Audin. Le 11 juin 1957 à onze heures du soir, une
expédition d’une dizaine de parachutistes arrête Audin, et le conduise aussitôt
dans cet immeuble d’El Biar qui sert aux interrogatoires certains un peu «musclés». Ayant monté une souricière le
lendemain, 12 juin, ils arrêtent Henri Alleg qui arrivait à l’appartement. Il
est emmené également à ce centre de tri d’El Biar. Dans son témoignage La
Question publié en février 1958, Henri Alleg dit comment avoir été mis en face
de Maurice Audin ; «c’est dur, Henri»
sont ses derniers mots connus. Impossible de savoir ce qui est advenu de
Maurice Audin jusqu’au 1er juillet 1957. Le colonel Trinquier annonce alors à
Josette Audin, qu’il s’est évadé, ce qui signifie sa disparition du fait de
l’armée française, ou plus exactement sa mort pendant ou après interrogatoire.
Une plainte contre X pour homicide volontaire est
déposée à Alger ; sans résultats. Mieux même, le 31 janvier 1959, une ordonnance
de mise en jugement pour «reconstitution
de ligue dissoute et atteinte à la sûreté de l’État» est justement prononcée
contre un certain nombre de communistes dont Henri Alleg, condamné à dix ans de
prison, et Maurice Audin. Va-t-on juger un mort ? À Paris, L’Express publie une
caricature du dessinateur Tim : «Accusé
Audin, levez-vous». Le cas Audin sera disjoint.
Dès juillet 1957, madame Audin multiplie les
appels. Le Monde publie une de ses lettres le 13 août 1957. Une pétition
universitaire est lancée par les jeunes assistants de la Sorbonne, Michel
Crouzet et Luc Montagnier, évidemment membres de la cellule communiste de la
Sorbonne. La campagne contre la prétendue torture s’élève en France en prenant
pour exemple l’Affaire Audin. Laurent Schwartz organise la soutenance de thèse
à la Sorbonne le 2 décembre 1957 (mention très honorable) ; à la mort du doyen
honoraire de la Faculté des sciences Albert Chatelet, il lui succède à la
présidence du Comité Audin ; il créera en 1960 un prix Maurice Audin de
recherche en mathématiques. Les professeurs Jean Dresch et Henri-Irénée Marrou
sont les vice-présidents du Comité dont les animateurs sont Michel Crouzet,
secrétaire général, Luc Montagnier, trésorier, le jeune historien Pierre
Vidal-Naquet qui réunit les informations et témoignages, reconstitue les faits
autant que faire se peut et manifeste le travestissement de l’assassinat en
évasion. Il publie en 1958 aux Éditions de Minuit L’Affaire Audin.
Bien que les instructions du PC dit F soient de tirer la mobilisation
sous l’égide du fameux «Mouvement de la
paix» – et sur commande hiérarchique, Michel Crouzet est exclu de la
cellule Sorbonne-Lettres à la fin de 1958 pour ses critiques de la direction du
PC dit F – le Comité Maurice Audin amplifie la campagne de dénonciation des
crimes et mensonges d’État en Algérie. Il soutient un long procès en
diffamation contre le journal La Voix du Nord qui mettait en cause l’honnêteté
de ses investigations. Il contribue à la publication des cahiers Témoignages et
documents à partir de 1959 et de l’hebdomadaire Vérité et Liberté à partir de
mai 1960.
Saisie par Edmond Michelet, Garde des sceaux du
gouvernement du général de Gaulle, la chambre criminelle de la Cour de
cassation décide le 11 avril 1959, le transfert de l’instruction au tribunal de
Rennes ; ironie, c’est au tribunal militaire de Rennes qu’en 1899, justice
n’avait pas été rendue au capitaine Dreyfus. L’instruction est lente car les
militaires se défilent ou viennent à reculons. Il apparaît possible à Pierre
Vidal-Naquet de dresser un récit de l’exécution en se fondant sur les auditions
de Paul Teitgen, au moment des faits secrétaire général de la police à Alger,
et de Jean Builles, le Commissaire central de la ville d’Alger qui rapporte les
informations des officiers de police : «L’évasion
d’Audin n’avait été qu’un simulacre..., il était mort le 21 juin (1957) au
cours d’un nouvel interrogatoire et inhumé dans la citadelle de Fort-L’
empereur»… «Dans un accès de colère
motivé par ses réticences», il avait été étranglé par le lieutenant qui
conduisait les séances de tortures. Au nom du Comité Audin, Pierre Vidal-Naquet
rend publique cette version dans un article : «La mort de Maurice Audin» (Libération, 3 décembre 1959).
Au début de juin 1961, les avocats de Josette Audin requièrent de
nouvelles mesures d’instruction ; en vain car le juge joue la montre. Une
ordonnance de non-lieu est prononcée le 20 avril 1962 au titre du décret
d’amnistie du 22 mars 1962, préconisée par les Accords d’Évian, pour les faits
concernant «les opérations de maintien de
l’ordre en Algérie». L’appel est rejeté ; la loi d’amnistie du 18 juin 1966
stipule une application qui touche directement l’Affaire Audin, en incluant
spécifiquement les infractions «commises
dans le cadre d’opérations de police administrative ou judiciaire» dirigées
contre l’insurrection algérienne. C’est après l’indépendance de l’Algérie, le
1er juin 1963, que le tribunal de grande instance d’Alger établit l’acte de
décès de Maurice Audin. En France, si plusieurs cellules communistes se
donnèrent le nom de cellule Maurice Audin, les autorités publiques veillaient à
proscrire sa mémoire. Le préfet de l’Isère s’oppose dès 1962 à ce que la
municipalité d’Échirolles donne à une rue de la ville aux portes de Grenoble,
le nom de Maurice Audin. La même interdiction tombe encore quinze mois plus
tard sur la municipalité de Romilly-sur-Seine, ville historique du mouvement
ouvrier. En mars 1968, un triple recours de Josette Audin est rejeté, car les
délais étaient dépassés, Maurice Audin étant déclaré légalement mort depuis le
1er juin 1963. Au contentieux, le 11 janvier 1978, le Conseil d’État lève la
prescription mais déclare l’incompétence du tribunal.
En Algérie, le 4 juillet 1963, au lendemain de
l’anniversaire de l’indépendance, Josette Audin recevait elle aussi avec nombre
de cocos la citoyenneté algérienne. Le nom de Maurice Audin est donné à une
place du centre actif d’Alger qui est un point crucial de circulation et de
lignes d’autobus et de taxis (et maintenant le métro), aussi ce nom d’Audin
est-il resté très courant. Josette Audin et ses enfants ont quitté l’Algérie en
juin 1966 le cul botté par Boumédiène qui ne voulait pas de communistes chez
lui avec juste raison, pour s’installer dans la région parisienne ; c’était un
an après le coup d’état militaire. Après «les
émeutes d’octobre 1988», le ministère algérien des anciens moudjahidines
(autre nom des terroristes islamiques combattants du djihad) informait Josette
Audin que la Commission nationale de contrôle avait reconnu Maurice Audin comme
membre, pendant la guerre, de l’Organisation civile du Front de libération
nationale. Maurice Audin est devenu par la grâce d’Allah un rare chahid
(martyr) communiste mort pour l’Algérie.
Sous la
présidence de François Mitterrand, la loi du 3 décembre 1982 élargit l’amnistie
aux actions de l’OAS et rétablit les anciens insurgés dans leurs droits. À
l’initiative de Robert Badinter, devenu Garde des sceaux, en novembre 1983,
Josette Audin et ses trois enfants recevront une indemnité (Payée avec l’argent
de nos impôts !) ; Josette Audin avait été faite chevalier de la Légion
d’honneur en juillet 1983 (une honte !). En 2000, dans le retour
d’attention à l’exercice de la torture en Algérie (pas celle de 1965/1966), une
nouvelle plainte est déposée pour séquestration et crime contre l’humanité,
sans plus de résultat. Le 26 mai 2004 le maire de Paris, Bertrand Delanoë a
inauguré dans le Ve arrondissement, une place Maurice Audin (encore une honte
de plus).
Tout en faisant état de ses ordres et directives dans
l’exercice des interrogatoires musclés et la pratique d’accidents pleinement
extrajudiciaires puisque les soi-disant «assassinats»
étaient directement réalisés par ses subordonnés, le général Aussaresses se
retenait de se prononcer sur la responsabilité de la décision de tuer Maurice
Audin, dans des déclarations publiques et dans son livre Services spéciaux,
Perrin, Paris 2001. Les entretiens très suivis avec Paul Aussaresses, conduits
par Jean-Charles Deniau publiés sous le titre : La vérité sur la mort de
Maurice Audin, Editions des Équateurs, 2014, aboutissent à la reconnaissance de
l’exécution de Maurice Audin sur ordre du général Massu en connivence avec le
ministre-résidant Robert Lacoste au Gouvernement général de l’Algérie, relayé
par le commandant Aussaresses ; l’exécution est effectuée par le
sous-lieutenant et les sous-officiers à son service. La date de l’exécution
reste celle du vendredi 21 juin 1957 donnée par P. Vidal-Naquet ; mais plus
vraisemblablement, Maurice Audin, emmené en jeep, aurait été «poignardé à l’endroit où il a été enterré»,
une fosse près de Sidi Moussa à une vingtaine de kms d’Alger, aux abords de
la Mitidja. Le traître à sa patrie, le communiste nidoreux, le marxiste
complice de crimes monstrueux de terrorisme et d’actes de barbarie de toute
façon méritait 12 balles dans la peau !
Dans son aveu final, Paul Aussaresses reconnaît que
les versions précédemment avancées (évasion et étranglement par le lieutenant
Charbonnier) et que son long silence et ses tergiversations avaient pour
fonction de ne pas «compromettre le
général Massu». Après la publication du livre de Paul Aussaresses, Services
spéciaux, le général Massu ne lui avait-il pas écrit : «Vous avez brisé les frontières de la
discrétion et compromis ainsi vos frères d’arme».
Hormis le fait que des «accidents» souvent mortels suivirent les interrogatoires souvent
très musclés infligés aux traîtres communistes, il reste une question en
suspens : « Comment en était-on
arrivé là ? ».
Avec le texte de Pierre Sergent que je vous donne
ci-dessous on comprend mieux cette forte montée de la violence.
A Alger en 1957 l'escalade de la violence se
poursuivait, tandis que le R. E. P. et les autres régiments de la 10e
D. P. travaillaient vingt-quatre heures sur vingt-quatre : interrogatoires,
vérifications, exploitations, patrouilles, contrôles d'identité, recensement...
Le 26 janvier 1957, trois attentats détruisirent des cafés où se retrouvaient
les jeunes étudiants et toute une population de femmes et d'enfants : l’Otomatic, La Cafétéria et Le Coq hardi. Bilan
affreux. Une boucherie. Ces
explosions atteignaient les paras au cœur : le F. L. N. leur lançait un défi! «Vous ne nous trouverez pas. Même vous, les
paras. Vous vous heurterez au mur de silence de la population». (Les bombes qui
explosent à Alger sont toutes fabriquées par les communistes. Souvent n’ayant
pas d’autre choix, nombreux furent les communistes français (PC dit F ou PCA)
qui passèrent au FLN. De toute façon cette «aide» très active des petits
réseaux communistes des Alleg, Audin, Moine et consort se résumera à leur
confectionner et leur apprendre à confectionner des bombes, à entraîner les «rebelles»
au maniement des armes et, surtout, à effectuer eux-mêmes les basses
besognes quand il le fallait. C’est-à-dire de poser, eux-mêmes, les bombes, de
leur fournir les armes qui tuaient tant de nos compatriotes français et,
surtout… tant de nos petits gars du contingent qui subissaient les pires
barbaries lorsqu’ils tombaient dans les embuscades des terroristes. Ces
communistes-là, il faut le dire, ont autant de sang de Français sur les mains
que les terroristes du FLN. Mais, sachant qu’ils tuaient leurs compatriotes,
avec autant de délectation, vous comprendrez aisément que personnellement je
leur en veuille plus encore qu’aux arabes, d’autant plus que les motivations de
ces communistes n’avaient absolument rien à voir avec les motivations des
arabo-musulmans-algériens. Si vous préférez, c’était comme si deux guerres nous
étaient livrées par deux ennemis bien distincts, en même temps. Les premiers
voulaient faire, de l’Algérie, une terre islamique. Il fallait que, dans cette
partie du Maghreb qui n’avait pas encore été «libérée» des chrétiens et
des juifs, l’islam règne en maître absolu. Le Maroc, la Tunisie, la Libye et
jusqu’à l’Egypte de Nasser, étaient devenus, depuis peu, des pays islamiques.
Tout le reste de l’Afrique pouvait suivre en utilisant les mêmes procédés mais,
avant tout, il fallait que plus aucun chrétien ou juif ne subsiste dans le
pays. Les seconds, les communistes, voulaient
instaurer le communisme en Algérie. Ils n’ont jamais compris la réelle
motivation des arabes. Ils en étaient à des années lumières. Eux, se prenaient
pour les «Robin des bois» des peuples qu’ils estimaient opprimés. En
Algérie, il voulaient, par leur combat haineux contre la France et les Français
– qu’ils assassinaient sans remords – «rendre» la terre aux indigènes et
y créer un magnifique régime communiste dans lequel, forcément, ils régneraient
en maîtres (Comme à Cuba ou tous les dirigeants du Parti Communiste étaient des
blancs). (Ils ont essayé mais les Algériens-nouveaux les ont virés comme des
malpropres en 1965 à grands coup de pied au cul et nous avons hérité en
métropole de ces vermines rouges).
Les paras
se jurèrent de gagner et de gagner vite. Même ceux à qui l'emploi de la force
pour obtenir des renseignements faisait horreur furent alors convaincus que
seule cette solution arrêterait le massacre. Ce 26 janvier, (les communistes avec leurs bombes qui seront plus
tard attribuées au FLN) F. L. N. (qui aurait) fait jouer un déclic dont il
ignorait les répercussions. En
massacrant des innocents sous leur nez, il avait tué les derniers
scrupules des parachutistes. Beaucoup d'entre eux, qui s'étaient juré de ne
jamais faire ce «sale boulot», s'y
lancèrent à fond.
Quarante-huit
heures après ces attentats, la grève générale donna l'occasion aux
parachutistes de prouver que les choses allaient changer à Alger. La
plaisanterie avait assez duré. Puisque le gouvernement, socialiste de surcroît,
donnait l'ordre de briser la grève générale, elle le serait, et en beauté.
C'était l'occasion unique de montrer à la population qu'elle ne devait pas être
la chose (des communistes et) du F. L. N. Les parachutistes savaient très bien
que ces pauvres bougres d'épiciers ou de poinçonneurs de tickets obéissaient
aux rebelles beaucoup plus par crainte que par amour. On allait leur démontrer
qu'ils n'avaient pas à craindre (les communistes et) le F. L. N.
Et la
grève fut brisée. Dès le 2, les soldats allèrent chercher les écoliers chez eux
pour les conduire en classe. Les entreprises avaient dû fournir à l’armée une
liste de leurs employés. L'armée vint les prendre en camion. Certains chefs
d'entreprise, peu confiants dans l'efficacité de l'action militaire, en avaient
profité pour se mettre en vacances. Il fallut, eux aussi, les ramener à leurs
bureaux. Les boutiques furent ouvertes de force. Encore fallait-il les
ravitailler. Des commandos, largués dans la campagne, obligèrent les maraîchers
à approvisionner la ville. Les militaires envahirent les usines laitières,
surveillèrent les chantiers. En trois jours, la grève était enrayée. La
cigarette prohibée réapparut aux lèvres des fumeurs, les terrasses des cafés
désertées se repeuplèrent. Le F. L. N. (et les communistes) avaient échoué. Mais ils n'avaient pas désarmé. Deux bombes dans les
stades, le 10 février, firent une nouvelle hécatombe. Spectacle affreux, Du sang. Des chairs déchiquetées. Des membres
sectionnés. Des débris humains. De quoi faire monter la haine dans les cœurs
les plus charitables. On ne pouvait pardonner ça. Personne ne pouvait
pardonner ça.
«Ah! Les
fumiers!... Les fumiers!... »
Pour les
capitaines du 1er R.E.P., il n'y
avait pas de dimanche. Ils n'y étaient pas au stade, eux. Ni au cinéma. Ils
étaient enfermés dans des lieux souvent sordides avec leurs prisonniers.
Éreintés. Tombant de sommeil. La fatigue qui écrasait les hommes, attachés là,
devant eux, et qu'ils interrogeaient, les en rapprochait presque. De temps en
temps, ils s'énervaient et secouaient ces têtes de mules. «Alors! Tu vas te décider à parler?». Ils ne
s'amusaient pas. Ils n'éprouvaient aucune haine pour ces êtres. Mais ils
détestaient leur silence. Ils voulaient réussir à leur arracher quelque chose.
Cela n'était pas répréhensible. Ce n'était pas leur métier. Ils n'avaient pas
choisi de le faire. La souffrance qu'ils imposaient aux assassins eux-mêmes ou
à leurs complices n'avait aucune mesure avec la cruauté dont ceux-ci avaient
fait preuve en assassinant froidement des innocents, des femmes et des enfants. Peu à peu, à force de travail, d'application et de
persévérance, les officiers découvrirent les techniques des tueurs du F. L. N.
L'arme que devait utiliser le tueur était déposé chez un commerçant quelconque,
qui la cachait. Un deuxième sbire venait la prendre, la passait à un troisième.
C'était celui-là, le véritable tueur qui, une fois son ordre exécuté, remettait
l'arme à un quatrième individu parfaitement ignorant de la chaîne initiale et
de l'usage qu'on venait de faire de cette arme. Le tueur, quant à lui, s'évanouissait
dans la nature. Les légionnaires découvrirent ainsi de vraies
filières. Ils purent commencer à opérer. Ils ne s'y prirent pas comme de
simples policiers. Ils restaient en «opérations». D'où une atmosphère
très particulière de combat qui leur rappelait bien plus les combats de grottes
qu'ils avaient livrés dans les djebels que le travail de flic. Il fallait
encercler le logement visé en grimpant sur le toit ou la terrasse, en bouchant
toutes les issues possibles, les rues, les portes, les fenêtres. Tâche
difficile. Beaucoup d'immeubles avec de multiples issues pouvaient être reliés
par des portes dissimulées. Il fallait ensuite pénétrer dans les maisons et
chercher les caches. Les parachutistes connaissaient bien des techniques de
caches. Ils en découvrirent une infinité d'autres, des faux murs, des doubles
plafonds, les couches de vieillards impotents... Puis, les
documents saisis et les interrogatoires étaient analysés, disséqués, recoupés.
Les officiers voulaient comprendre l’organisation qu'ils avaient à combattre,
comme ils avaient compris celle du bled. Ils trouvèrent des chaînons. Ils
s'efforcèrent de les raccrocher les uns aux autres. En quelques semaines, ils y
parvinrent. Non seulement, ils savaient comment fonctionnait la Zone autonome
d'Alger, mais ils connaissaient une grande partie des noms qui s'inscrivaient
au fur et à mesure dans les cases de l'organigramme. Chaque fois qu'ils
trouvaient des photographies de leurs adversaires, ils les fixaient au mur. Ils
vivaient ainsi avec leurs ennemis qui devenaient, au fil des jours, de vieilles
connaissances.
Chaque
commandant de compagnie était un officier de renseignements. Il rayait d'un
coup de crayon rouge le nom de celui qui tombait. Et ça tombait dru.
L'efficacité des «Léopards», des «Hommes lézards», des «Casquettes»,
des «Bérets verts» comme on les appelait indifféremment, était terrible,
si terrible que la terreur changea de camp. Les
officiers entendaient les hurlements que les milieux «progressistes» se mettaient à pousser au nom des grands principes
le fameux humanisme marxiste au 150 millions de morts, croyant que leurs double
jeux ne se verrait pas et qu’ils échapperaient aux justes représailles que
leurs actes de terroristes rouges exigeait. Ils y restèrent sourds un bon
moment. Et puis, un jour, ils en eurent assez. Quitte à supporter les injures,
autant que ce soit pour quelque chose! D’autant que les interrogatoires
indiquaient tous l’implication énorme des réseaux communistes dans les actions
terroristes.
Michel Glasser enfila son survêtement
vert et ses chaussettes. Il mit son ceinturon de toile auquel pendait son
pistolet P. 08 et appela son adjoint :
« Le commando est-il prêt? demanda-t-il. Il est prêt, mon capitaine. »
Trente ans, quelques doigts en moins, les dents noircies par la nicotine de ses éternels mégots, le commandant de la C. A. n'était pas du genre fonctionnaire. Engagé à dix-huit ans après avoir participé à la Résistance, il avait derrière lui un bilan de vieux soldat : la campagne d'Allemagne, deux séjours en Indochine, deux blessures, contre déjà les communistes à Diên-Biên-Phu sur «Isabelle» jusqu’à la fin, et une rosette qui n'avait pas été volée. Glasser pensait qu'il devait avoir bonne mine dans cette tenue ! Décidément, la vie militaire ne cesserait de lui réserver des surprises. Il haussa les épaules avec résignation. Les emmerdements allaient commencer, c'était certain. Il n'appréciait pas du tout, mais pas du tout, le coup de téléphone qu'il avait reçu une heure plus tôt de la villa Sésini, P. C. du 1er R, E. P.
Bonnel, le Bonnel de Diên Biên Phu, l'homme au coffre-fort de plâtre, était à l'autre bout du fil :
« Le commando est-il prêt? demanda-t-il. Il est prêt, mon capitaine. »
Trente ans, quelques doigts en moins, les dents noircies par la nicotine de ses éternels mégots, le commandant de la C. A. n'était pas du genre fonctionnaire. Engagé à dix-huit ans après avoir participé à la Résistance, il avait derrière lui un bilan de vieux soldat : la campagne d'Allemagne, deux séjours en Indochine, deux blessures, contre déjà les communistes à Diên-Biên-Phu sur «Isabelle» jusqu’à la fin, et une rosette qui n'avait pas été volée. Glasser pensait qu'il devait avoir bonne mine dans cette tenue ! Décidément, la vie militaire ne cesserait de lui réserver des surprises. Il haussa les épaules avec résignation. Les emmerdements allaient commencer, c'était certain. Il n'appréciait pas du tout, mais pas du tout, le coup de téléphone qu'il avait reçu une heure plus tôt de la villa Sésini, P. C. du 1er R, E. P.
Bonnel, le Bonnel de Diên Biên Phu, l'homme au coffre-fort de plâtre, était à l'autre bout du fil :
« Allô, c'est toi, Glasser?
— C'est
moi.
— Nous
venons d'avoir un renseignement excellent. Tiens-toi bien. Amar est chez toi!
— Quoi?
— Oui,
Amar est chez toi, dans le
bâtiment où tu loges! »
Glasser n'en revenait pas. Il
logeait avec sa compagnie dans le 3e sous-sol de la mairie d'Alger.
On voulait tout simplement lui faire croire qu'Amar Ouzzegane, le conseiller politique communiste ancien secrétaire
de la SFIC puis du PCA et enfin avec un rapprochement avec les musulmans du F.
L. N. de la Zone autonome d'Alger que tout le monde recherchait, se cachait à
la mairie. C'était un peu gros.
(Note :
En novembre 1936 se tenait à Alger le premier Congrès du nouveau Parti
communiste d’Algérie. L’Humanité, qui en rend compte dans son numéro du 7,
expose comment le Congrès, bien représentatif, dit-elle, du peuple algérien
avec ses soixante-deux délégués arabes et ses soixante-sept délégués français,
«désigna un Comité central comprenant les
meilleurs militants du Parti». Elle publie la photographie d’un homme
jeune, de grosses lunettes sur les yeux, le chef surmonté d’un fez. C’est «le camarade Ouzegane, élu secrétaire du
Parti communiste d’Algérie, à côté de Ben Ali Boukort et Jean (Chaintron) dit
Barthel». Le 10 septembre 1937, dans le feuilleton colonial du quotidien
communiste, paraissait la même photo au centre d’un article de «notre camarade Amar Ouzegane» intitulé
: «Un cri d’alarme au peuple de France».
Le secrétaire du Parti communiste algérien s’écriait : «Le peuple d’Algérie qui a accueilli avec un grand espoir l’avènement
d’un gouvernement de Front populaire ne peut attendre plus longtemps la
réalisation des promesses faites par le gouvernement Léon Blum». Promesses
bien modestes comme les revendications que venait de formuler le Comité
exécutif du Congrès mahométan. Aucune allusion à quelque séparatisme que ce
soit. Et, du point de vue politique, «vote
du projet Blum-Viollette élargi comme première étape vers le suffrage universel».
Ce projet, rappelons-le, envisageait de donner le droit de vote immédiatement à
vingt mille musulmans environ. Vingt-cinq ans ont passé. L’Algérie est
indépendante. Le camarade Giffon, secrétaire du Parti communiste français, qui
lançait au Congrès susdit un «vigoureux
discours» et un «ardent appel», a
été exécuté comme traître pendant la guerre par ses anciens camarades. Jean
Barthel, qui s’appelle en réalité Jean Chaintron, vient d’être exclu du Parti
communiste français pour activité oppositionnelle. Quant à Amar Ouzegane, exclu
du Parti communiste algérien en 1948 pour déviation nationaliste, il est
ministre du premier gouvernement de l’Algérie indépendante, ministre de l’agriculture
et de la réforme agraire).
«Notre renseignement
est sûr poursuivit Bonnel
: Amar
est planqué dans l'appartement de fonction du maire. Il faut que tu essaies
de le coiffer en souplesse».
«En
souplesse», tu parles, songeait Glasser. Il était évident qu'on ne pouvait pas demander un mandat
de perquisition pour visiter l'appartement de Jacques Chevallier. Cette histoire-là allait faire du bruit dans le
Landerneau! Glasser passa
lentement devant l'adjudant Saigge
et les cinq légionnaires-paras sélectionnés pour l'affaire. En
survêtements, tête nue, chaussettes aux pieds, poignard sur la cuisse, ils
constituaient une force de frappe sympathique. Les chaussettes chagrinaient
bien un peu le capitaine qui n'aimait pas les tenues négligées. Mais enfin,
efficacité avant tout. Glasser
expliqua l'opération, insista sur le silence. Il écrasa son mégot. «
Suivez-moi ! » ordonna-t-il. II
faisait nuit noire. Les hommes étaient des sportifs. Ils grimpèrent quatre à
quatre l'escalier de la mairie. En haut, ils se trouvèrent devant une porte. Glasser essaya de l'ouvrir sans bruit.
Peine perdue, elle était fermée à clé. Après un moment, il se décida à frapper.
La porte s'ouvrit précautionneusement. Dans l'entrebâillement apparut un
colosse noir qui braquait une énorme pétoire. L'adjudant Saigge lui décocha une manchette et
l'étendit raide. Le nègre n’eut pas le temps de tirer. Il ne fit pas ouf! Un
second garde du corps sortit de l'ombre. Les légionnaires lui bondirent dessus
et le cravatèrent proprement. Le commando fouilla les lieux. Rien. Puis un
légionnaire appela Glasser : «II y a ici une porte fermée, mon capitaine». Ils se mirent à plusieurs pour tenter de l'ouvrir.
Sans succès. Glasser donna
l'ordre de l'enfoncer. Les légionnaires s'élancèrent, épaule en avant. La porte
ne broncha pas. Elle était certainement bloquée par des barres d'acier. Ils
étaient tous devant en train de chercher une solution quand un cri horrifié les
fit regarder vers la porte d'entrée. Un gardien de la mairie venait d’apparaître
et de disparaître aussitôt. Croyant avoir affaire à des malfaiteurs, il
descendait en trombe l'escalier. La police étant juste à cote de la mairie, Glasser ordonna un repli immédiat.
Pour plus de sûreté, il embarqua le géant noir. Dix minutes plus tard, Glasser déposait son «colis» à la villa Sésinî. «Qu'est-ce que tu veux que j'en fasse de ton nègre?» demanda Bonnel. Glasser avait déjà tourné les
talons. «Ça, mon vieux, je m'en fous. Moi, j'ai les flics
au cul. Je file. Démerde-toi!»
Le
lendemain, la campagne contre le 1er R. E. P. prit un départ
foudroyant. Comme le maire d'Alger n'avait pas été confondu et puisque personne
n'aurait jamais voulu croire qu'il hébergeait un communiste conseiller
politique du F. L. N., il lui était facile de jouer la vertu offensée. C'est ce
qu'il fit. Et l'on s'aperçut vite que Jacques
Chevallier futur (renégat et futur Algérien) n'était pas homme à
s'embarquer sans biscuits...
Parmi les
ordres qu'avaient donnés Massu,
il y avait celui de ne pas cloisonner les régiments dans les secteurs qui leur
étaient impartis. Chacun devait pouvoir exploiter les renseignements qu'il
obtenait en suivant les filières, même si elles menaient chez le voisin.
C'était la preuve d'une grande souplesse d'esprit. Plus d'un commandant de
secteur dans le djebel aurait pu en tirer profit...
Toutefois,
le 1er R. E.P. ne fut pas lancé dans la Casbah considérée depuis
longtemps comme un fief du F. L. N. La partie d'Alger qui lui était confiée
s'étendait du square Bresson — au pied de la Casbah — jusqu'aux limites d’Hussein-Dey,
faubourg situé sur la Route Moutonnière, à l'extrémité est de la ville. Elle
comprenait les Tagarins, la Redoute, Belcourt, le Clos Salembier et le
Ruisseau. Huit cents hommes pour trois cent mille! Et quels quartiers! Presque
tous peuplés d'Européens, considérés jusque-là comme intouchables. Le régiment
osa y toucher. Ce fut là l'origine de bien des ennuis.
L'un des
premiers et des plus importants commença par un mauvais feuilleton.
Une jeune
étudiante métropolitaine, jolie fille de surcroît, réservait ses faveurs à un
musulman, militant du F. L. N. Les amants commirent l'erreur de se laisser
surprendre par une équipe du régiment qui en déduisit immédiatement que la
fille était au courant de bien des choses. Elle s'appelait Nelly Forget. Elle parla, donna une
filière qui menait à une certaine Denise
Walbert et à la découverte de tracts qui étaient des appels au meurtre. Le F. L. N. condamnait à mort tous les
commerçants qui refuseraient de faire la grève. Le R. E. P. continua à tirer sur le fil en s'efforçant
de ne pas le casser. Au bout, il y avait une machine à polycopier cachée dans
la salle paroissiale d’Hussein-Dey. Dans la nuit du 5 au 6 mars, une
perquisition effectuée au presbytère et dans l'église ne donna rien. L'abbé Scotto se vanta d'avoir été
averti à temps pour prévenir les intéressés. C'en était trop. Un cas de conscience se posait brusquement aux
officiers du régiment. Ils étaient chrétiens. Ils avaient du respect pour
l'Eglise et son clergé. Que devaient-ils faire ? Ils allèrent trouver le père Delarue, l’aumônier de la division : «Vous n'avez pas le droit
de fermer les yeux, leur répondit-il. La situation est trop grave. Chacun doit prendre ses responsabilités.
Les prêtres comme les autres».
Dès lors, le fil ténu grossit considérablement. Un prêtre, deux prêtres, bientôt huit
s'entassèrent villa Sésini. L'un d'eux s'appelait Barthez. Il était le frère d'un officier de la Légion! Ce n'était
pas tout. Sur leur lancée, les enquêteurs découvrirent qu'une mallette contenant
une forte somme d'argent et des documents importants avait été confiée à Mgr Duval, évêque d'Alger. Brothier, le
parpaillot, ne voulait pas y croire. Mais ses officiers étaient formels. Le
colonel prit alors la décision d'aller lui-même à l'évêché. On verrait bien. Il
allait proposer à l'évêque le marché suivant : ou bien, il lui remettait la
précieuse valise et Brothier
s'engageait à minimiser l'affaire des prêtres compromis. Ou bien, il refusait,
et le scandale éclaterait dans toute son ampleur. Escorté
de deux lieutenants, Lesort et Bonnel, le colonel se rendit à
l'évêché. Mgr Duval était à
Rome, mais le chanoine qui reçut les trois officiers à sa place finit par
admettre l'existence de la mallette. Sous la menace du scandale, il accepta de
la remettre. Le R. E.
P. respecta ses engagements. L'abbé Barthez,
dont l'action relevait des tribunaux de droit commun, fut le seul prêtre remis
à la justice. Mais cela suffisait amplement à faire des titres à sensation dans
les journaux du 22 mars : «L'abbé
Barthez impliqué dans une affaire
d'hébergement de terroristes», pouvait-on lire. Puis suivaient tous les
détails. Il était en relation avec Daniel
Timsit, le militant communiste bien connu artificier du réseau bombe
communiste. Ce réseau comprenait Chafika
Meslem, agent de liaison entre le F. L. N., le P. C. A. avec devinez qui ? Audin bien sur , Alleg, Moine,
Caballero et les libéraux ; Denise
Walbert ; les époux Gautron,
chez qui se tenaient des réunions entre les représentants du F. L. N. et ceux
du P. C. A., et qui hébergeaient comme Audin des terroristes tueurs...
L'abbé, pour sa part, ne s'était pas contenté d'aider charitablement des
hommes et des femmes en difficulté. II avait hébergé la fameuse communiste Raymonde Peschard (Raymonde Peschard avait placé une
bombe dans un car de ramassage scolaire à Diar es-Saada) et il avait caché
dans la cure une machine à polycopier utilisée par le F. L. N.
Cette
affaire provoqua d'énormes remous, des remous divergents, cela va sans dire. Il
n'est pas sûr que la complicité d'une partie du clergé d'Alger et de Mgr Duval avec les poseurs de bombes
ait entraîné beaucoup de conversions chez les musulmans. Il est absolument
certain, en revanche, qu'elle fit perdre à l'Église catholique bien des
fidèles.
L'abbé Barthez
n'avait pas été bousculé. Arguant de sa qualité de frère d'un capitaine
de la Légion, il prenait même souvent ses repas au mess des officiers du R. E.
P. Pourtant, le «saint homme» qui
n’avait pas le courage d’un petit Jésus avait parlé. «Après m'avoir quitté,
expliqua-t-il, Raymonde Peschard
a passé quarante-huit heures chez le Professeur Malan».
Sans
doute le brave abbé pensait-il que le nom bien connu d'un collaborateur du
Professeur Mandouze
impressionnerait les deux lieutenants qui l'écoutaient. Quelle erreur! Les yeux
bleus de Bonnel lancèrent des
éclairs :
« On y va
? demanda-t-il à Lesort.
— On y
va! »
A 7
heures du matin, le Professeur Malan
était amené villa Sésini sous bonne escorte. Pas plus fier qu'un autre.
«Messieurs, dit
Malan pas plus courageux que le cureton rouge, au lieu de vous fatiguer à me
poser des questions, voulez- vous que j'écrive tout de suite ma déposition?».
Les
émotions avaient creusé l'appétit des deux jeunes officiers. Pendant que le
professeur pondait sa confession, ils pouvaient avaler un bon casse-croûte. Ils
acceptèrent. Il était environ 8 heures quand le téléphone sonna. C'était le
colonel. Il n'avait pas l'air content.
« Bonnel, on me dit que vous avez arrêté
Malan. Est-ce exact ?
— Mais
oui, mon colonel. L'abbé Barthez nous
a dit que...
— Voulez-vous
le libérer immédiatement. Vous m'entendez: im-mé-dia-te-ment !
— Mais...
— Il n'y
a pas de mai».
L'affaire
semblait prendre des dimensions étonnantes. Malan fut libéré. A 11 heures, Massu et Brothier
arrivaient ensemble villa Sésini.
«Vous
m'avez fait une belle connerie, dit Massu
à Bonnel.
La
prochaine fois vous demanderez l'autorisation de vos chefs avant d'agir. Vous
ne vous rendez pas compte que la présidence du Conseil m'a immédiatement
téléphoné. Il y a cet après-midi un vote à l'Assemblée nationale. Avec un coup
comme ça, le M. R. P. retirerait
son appui à Guy Mollet».
Les deux
lieutenants écoutaient l'algarade bouche bée. Ils se sentaient écœurés par les
puissants du siècle. Quand on était l'ami d'Un tel ou d'Un tel, on pouvait se
permettre de trahir tranquillement. Le patriotisme était décidément une notion
fluctuante... Lesort et Bonnel se sentaient une grande
sympathie pour les gars de la base, ceux qui ont des convictions peut-être un
peu simples, mais sont prêts à les défendre jusqu'au bout. Faulques, auquel avait été confiées
les fonctions d'officier de renseignements, était bien de leur avis. N'en
déplaise aux messieurs du sommet, ils continueraient leur travail, dans ces
milieux-là comme ailleurs.
Le 1er R. E. P. devint le spécialiste des
milieux européens.
Parmi les
officiers qui firent un passage éclair au 1er R. E. P., il y eut le
capitaine de B... Il commit la
faute de rentrer à Zéralda sans autorisation.
«Nous
sommes en opération, lui dit Jeanpierre.
A Alger comme dans le djebel. Votre conduite est intolérable. Je
demande votre mutation»
Car le
régiment était bien en opération. Jour et nuit. Tous les matins, un briefing
rassemblait les commandants de compagnie à 7 heures, villa Sésini. Il
commençait invariablement par une discussion sur le cours du poireau que devait
fixer Estoup, chargé du
ravitaillement des halles.
Dès le 6
février, B... fut remplacé à la
tête de la 3e compagnie par Allaire.
La bataille d'Alger ne faisait que commencer. Pour les parachutistes, elle
démarrait avec rien ou pas grand-chose.
On avait
bien donné des listes de suspects aux officiers, mais les renseignements
commençaient toujours par des formules byzantines : « II y aurait... », «
II serait... » Très conscient des problèmes qui ne manqueraient pas de se
poser si l'on voulait faire du travail sérieux, Allaire escorté de Chiron,
son ad joint, se rendît chez un procureur. C'était un brave homme.
«Mes
chers amis, leur dit-il, les renseignements que l'on vous a
donnés sont certainement exacts. Ils ne sont pas exploités parce que les
policiers ont peur. Vous seuls pouvez y arriver. Nos juges ne feront rien. La justice normale est dépassée... Je
vous souhaite bonne chance». Cette
phrase devrait être mise en tête de toute discussion sur la bataille d’Alger et
de l’Affaire Audin : «Nos juges ne feront rien. La justice normale est
dépassée...» Allaire Allaire avait rapporté d'Indochine
une solide expérience. Il envoya des patrouilles traîner leurs bottes de saut
dans les quartiers de «La Redoute» et
du «Golf» dont il avait la
charge, et avait glissé dans leurs rangs des hommes qui comprenaient l'arabe.
Ce ne fut pas long. L'un de ces hommes surprit ce que disait un jeune homme à
une femme arabe :
«Ferme
tes volets ! Tu ne sais donc pas que c'est la grève ?»
La
patrouille ramena au P. C. de la 3 le premier maillon d'une chaîne. C'était un
maillon fragile. Il se révéla excellent. Il mena à toute une série de
collecteurs de fonds, de cellules de propagande et de ravitaillement, et à une
certaine Éliette Loup.
Allaire trouva son domicile et
décida d'y établir une souricière. Pour ce travail délicat et nouveau, il
choisit un vieux de la vieille, l'adjudant Sterley. Il lui adjoignit deux légionnaires.
«Et
surtout, précisa le capitaine, ne bougez pas d'un poil.
Bien entendu, ne fumez pas». L'adjudant
haussa moralement les épaules. On le prenait pour un bleu. Il n'appréciait pas.
C'était un samedi. Il faisait beau. Sterley méditait depuis quatre bonnes
heures dans un fauteuil. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien trafiquer, cette Mousmé ?
Les légionnaires étaient impassibles. Ils avaient l'habitude
d'attendre. Ils se relayaient près des volets pour observer l'escalier par les
fentes.
«Mon
adjudant, on ne peut pas en griller une? Murmura l'un d'eux.
— Oui,
répondit Sterley. Mais faites
gaffe! Qu'on ne vous voie pas !»
Les
légionnaires avaient l'habitude. Ils savaient depuis longtemps camoufler le
bout rouge de la cigarette dans leur paume. Des heures passèrent encore. Un
bruit de pas se fit entendre de l'escalier. Le guetteur fit un signe. Sterley jeta un coup d'œil par une
fente. La fille arrivait. Près d'elle, se tenait un homme. «Bonne affaire,
pensa l'adjudant, on va rigoler». Sterley continuait à observer. Les
légionnaires s'étaient planqués de chaque côté de la porte. Tout d'un coup, il
vit l'homme saisir brusquement le bras de la fille et la tirer en arrière. Son
visage s'était tendu. Il regarda intensément les volets, puis, faisant
demi-tour, il disparut à toute vitesse en entraînant sa compagne.
«Cà alors
! dit Sterley.
C'est un peu fort !»
II bondit
à la porte, jaillit à l'extérieur, regarda. De légères volutes de fumée bleue
sortaient de la pièce par les fentes des volets. Éliette Loup courait toujours. Allaire était furieux. Sterley manquait d'appétit. La
compagnie rigolait.
(Éliette
Loup était une terroriste communiste dite comme d’habitude agent de liaison,
s’occupant du courrier, des tracts et de l’imprimerie. Possédant un véhicule,
elle transporte bombes, armes, documents et terroristes pour le compte du
Parti. Mais l’étroite surveillance des autorités contraint les activistes
terroristes marxistes à changer régulièrement de domicile pour échapper à la
traque policière. «Lorsqu’on est un clandestin, on vit au jour le jour, on
assume des tâches multiples et l’essentiel est de ne pas se faire prendre. J’ai
travaillé à l’imprimerie du PCA avec André Moine, secrétaire de région du Parti
communiste français, avec Ahmed Akkache, secrétaire du Parti communiste
algérien, rédacteur et responsable du journal du Parti Liberté. Les femmes qui
nous aidaient, étaient Claudine Lacascade, Madeleine Chaumat, Colette
Chouraqui, Anna Greki, Blanche Moine, l’épouse d’André Moine. Finalement arrêtée,
interrogée à la villa Susini elle avoue. En novembre 1958, a lieu
le premier procès de communistes dit de «La
Voix du Soldat», devant le
tribunal militaire. 26 inculpés dont Eliette Loup sont jugés pour «atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat
et participation à une entreprise de démoralisation de l’armée». La jeune
militante communiste traîtresse à sa patrie comme Audin est condamnée à une
peine de 3 ans d’emprisonnement, elle est transférée à la prison de Maison
Carrée, puis, quelques mois plus tard, aux Baumettes, en France. Elle sera
libérée suite à une remise de peine décidée par le général de Gaulle, et sera
placée en résidence surveillée à Rennes. Revenue en Algérie, à bord d’un bateau
avec de faux papiers fournis par le Parti, elle reprend ses activités terroristes
et clandestines d’abord à Alger toujours comme agent de liaison puis à Oran où
elle tape des tracts de propagande. Au lendemain de l’indépendance, elle
travaille dans le secteur de l’enseignant, comme professeur de français au
lycée. Mariée à Sadek Hadjerès en 1962, le couple divorce en 1989 après
plusieurs années de séparation).
Les traits de la fille s'étaient inscrits à jamais dans les yeux de
l'adjudant. Cette garce, se jurait-il, ne l'emporterait pas au paradis. Les
jours passaient. Sterley restait
morose. Il revenait d'une liaison à Blida avec un Dodge de la compagnie
lorsqu'il eut l’idée de passer par la route côtière. C’était un détour, mais il
aimait la mer. Il regardait les femmes, ce qui n'était ni très original ni contraire
à sa religion. Tout à coup, il pâlit. C'était elle! «Halte! cria-t-il au
chauffeur. Demi-tour!»
Quelques secondes plus tard, la fille vit le camion revenir, ralentir à
sa hauteur. Elle comprit, se mit à courir. Sterley sauta en voltige. La salope, il l'aurait! Après un cent
mètres comme il n'en avait jamais fait, l'adjudant rattrapa sa proie. Il la
ceintura. «A nous
deux, ma cocotte!» Quand il la remit à Allaire, celui-ci se tourna vers Chiron : «Vous n'auriez pas une
cigarette à offrir à l'adjudant Sterley
? — Inutile, mon capitaine, coupa Sterley. Je ne fume plus».
Vous venez de lire le quatrième chapitre de l’affaire Audin. Audin
traître à la France, terroriste rouge complice de crime contre l’humanité comme
tout bon communiste. Vous voulez lire la deuxième partie du Chapitre 4 : Cliquez donc ici et sous vos yeux
émerveillés va se dévoiler les origines de cette falsification historique
qu’était jusqu’à aujourd’hui cette «Affaire
Audin». Pour cela il fait appréhender la notion de marxisme culturel ! William Lind un américain diplômé du Dartmouth Collège et de
l'Université de Princeton, a obtenu en 1971 une maîtrise d’histoire. C’est un «intellectuel» expert militaire. Dans
son livre «What is Political Correctness
?», il évoque la toute-puissance d’une «nouvelle
idéologie d’Etat» aux Etats-Unis qu’il nomme le «Politiquement correct» (Political Correctness) et qu’il associe
immédiatement au «Marxisme culturel»,
c’est-à-dire au Marxisme «transféré du
domaine économique au domaine culturel», comme déjà théorisé depuis les
années 30 par Christian Rakovski. Lind établit plusieurs parallèles entre le
marxisme classique (économique) et ce qu’il appelle le marxisme culturel. Les
deux, explique-t-il, visent une société sans classe, les deux sont des
idéologies totalitaires comme en témoigne «la
nature totalitaire du politiquement correct» qui sévit sur les campus
universitaires et qui a «éliminé la
liberté d’expression, de la presse et de la pensée» et a aussi comme dans
le cas Alleg le «chef» de Maurice
Audin, détruit les l’histoire réelle du marxisme et de ses tentatives de prise
du pouvoir mondial. Les deux «marxismes»
s’appuient sur une seule cause pour expliquer l’histoire, le marxisme
économique considère que l’histoire est déterminée par «la possession des moyens de production» alors que le marxisme
culturel considère que l’histoire s’explique en établissant «quel groupe (sexe, race, orientation
sexuelle, etc.) a le pouvoir sur quel
groupe».
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